Former des horlogers
Perpétuer un savoir-faire: la montre-école et le geste horloger
En 2020, l’UNESCO a inscrit le savoir-faire en mécanique horlogère et en mécanique d’art sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette inscription valorise la nature encore manuelle d’une grande partie du travail de l’horloger. Transmis de pair à pair depuis des générations, le geste horloger, ainsi appelé dans le jargon, est toujours enseigné à l’Ecole d’horlogerie et côtoie l’utilisation de machines. La montre-école fabriquée par l’apprenti peut se définir comme l’articulation entre le geste immémorial et la mise en oeuvre de procédés mécaniques modernes.
Prohistoire (Gérard DUC)Épisode 3 – Narration
En 2020, l’UNESCO a inscrit le savoir-faire horloger au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Par là, on désire valoriser des gestes infiniment spécialisés, reproduits depuis des générations par les horlogers et en assurer la transmission.
Au 19e siècle, les responsables de l’Ecole d’horlogerie de Genève revendiquent régulièrement son rôle de gardienne de la transmission d’un savoir-faire traditionnel. Cela ne va pas sans générer, dès les débuts de la mécanisation, de fortes frictions entre les tenants de la tradition et les défenseurs du recours à la machine, seule planche de salut pour lutter contre la production de masse américaine. Frottements au sein de l’école, mais également avec les dirigeants des manufactures horlogères, désireuses d’engager des ouvriers rapidement rentables et formés sur les nouvelles machines.
Ces dernières années, la haute-horlogerie, en misant sur la tradition, a suscité une réhabilitation du geste horloger. Au sein de l’institution genevoise, la réalisation de la montre-école par les apprentis de troisième et quatrième année est garante du maintien d’une certaine pratique du geste horloger. Aujourd’hui comme hier, un grand nombre des 287 pièces composant la montre-école est réalisé à la main. Cet aspect particulier de l’apprentissage remonte au milieu du 19e siècle et, si les apprentis ont d’abord travaillé sur des mouvements courants en blanc fourni par des entreprises, l’école a développé, dès 1890, un calibre propre construit entièrement au sein de l’établissement.
Prohistoire (Gérard DUC)
Former des horlogers
Pratique et théorie. Les deux versants de l’apprentissage du métier d’horloger
Dès 1824, le programme des Ecoles d’horlogerie vise à former des artisans complets pour la haute horlogerie. Depuis lors récurrente, la discussion sur le type d’ouvriers à former détermine la physionomie des cursus. En arrière-plan s’inscrit la querelle entre les tenants de la tradition, dont le modèle demeure le cabinotier, image d’Epinal de l’artisan maîtrisant entièrement son art, et les modernisateurs, plus ouverts aux procédés mécaniques et à l’enseignement de la montre courante, ouvrant la porte à des apprentissages plus rapides.
Prohistoire (Gérard DUC)
Épisode 2 – Narration
Comment imaginer aujourd’hui un apprentissage sans cours théoriques?
A ses débuts, l’Ecole d’horlogerie se contente d’être une école pratique, sur le mode traditionnel issu des anciennes corporations, où un maître transmet le savoir à son ap-prenti, y compris les bases théoriques.
Dès 1830, la nouvelle Ecole industrielle propose cependant ses leçons théoriques, y compris aux apprentis horlogers de manière facultative.
Durant la seconde moitié du 19e siècle, alors que la mécanisation de la production avance, la grande crainte de certains est de voir l’Ecole d’horlogerie se contenter de former des brigades de manoeuvres qui viendraient grossir les contingents d’ouvriers d’usine. Il est dès lors nécessaire de combler les lacunes provenant d’un enseigne-ment primaire souvent défaillant. En 1870, il est ainsi décidé de rendre obligatoire certains cours de l’Ecole industrielle, soit le français, l’arithmétique, l’algèbre, la physique, la géométrie et le dessin technique.
Dès 1874, les cours théoriques sont organisés à l’interne de l’école, prévus spéci-fiquement pour des apprentis horlogers. Il en va ainsi ainsi par exemple du cours ma-gistral de théorie d’horlogerie, dont les tentatives d’organisation du début des années 1840 n’avaient pas été concluantes. Jusqu’en 1889, Joseph Rambal est chargé d’en-seigner cette matière, publiant son cours cette année-là: son Enseignement théorique de l’Horlogerie demeure l’incontournable de générations d’apprentis horlogers.
Prohistoire (Gérard DUC)
Ce site est protégé par reCAPTCHA et Google. Pour plus de renseignements, veuillez vous référer à la politique de confidentialité et aux conditions d’utilisation de Google.